Une veuve et un chevalier, qui se disent chacun inconsolables de la perte de l’être aimé, se confient l’un à l’autre. Ces épanchements mutuels les amènent à une estime réciproque, à une amitié exclusive, puis à un amour déclaré. Réticences d’un amour qui s’ignore ou qui se combat lui-même, aveux retardés par la pudeur, on retrouve dans La Seconde Surprise de l’amour la malice et le désenchantement qui font le charme de Marivaux. Alors que l’histoire commence !

Car il est vrai que ni la marquise ni le chevalier n’ont été trahis en amour. Leurs amours passées sont tendres et fidèles. Les voici alors réticents, soupçonneux, impolis ! Et si l’amour s’impose malgré tout, il est condamné à n’avoir ni passé ni avenir car trop proche du présent. Ils vivent alors une succession rapidement menée, rapidement variée dirait Marivaux, de moments proches du chaos. Existences d’une incessante inconstance ! « Ce théâtre fait une confiance inouïe à la langue. Dans cette nouvelle épreuve, ce sont les échanges verbaux qui offriront le salut. Une langue poétique qui suit les mouvements du cœur et de l’âme », nous dit Alain Françon. Et, ultime renversement à la dernière seconde de la pièce, l’amour triomphe ! La Seconde Surprise de l’amour intéresse parce qu’elle n’est qu’une forme, entre autres, de la surprise existentielle… Il n’est pas besoin de présenter Alain Françon et sa carrière exemplaire. Cet homme de théâtre, une fois de plus, nous ravit, nous bouscule, nous émeut.